Texte : Le soin du détail - Jean Rodhain

Restauration d'une fenêtre à meneau
- Photo de Arnaud Julien : "Restauration" -

Pour ouvrir ma porte accidentée,
ce soi-disant serrurier s’agita toute la matinée.
Il lui manquait un outil. Il avait mal calculé ses dimensions.
Ses clefs ne correspondaient pas au modèle de serrure.
Quelle fatigue de constater tant d’incompétence.
Quelle tristesse devant l’absence de métier.
Quoi de plus lamentable qu'un travailleur qui ne sait pas travailler...
On le reconnaît à ce signe : il ne fait pas attention aux détails...

Pour cimenter le seuil de mon escalier,
le maçon du village a travaillé toute la journée.
Il sait tailler les dalles et en jointoyer exactement les arêtes.
Son tour de main est impeccable
et chaque coup de marteau ajuste la pierre rigoureusement.
Il n’y a pas une bavure dans la découpe,
ni un seul kilo de ciment gaspillé.
On contemple sans se lasser ce travail exact d’un homme de métier :
on le reconnaît au soin qu'il apporte dans chaque détail.

A Calcutta, j’ai visité les "mouroirs" de Mère Teresa.
Ces lieux sont marqués par l’absence de mobilier.
C’est une quasi-nudité dans l’équipement.
Mais la pauvreté du cadre est compensée
par une sollicitude continuelle et évidente.
Aucun confort, mais mille gestes de services rendus,
de prévenances et de présence.
Le souci du détail peuple ce vide qui sans cela serait désolation.


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