Texte : Le feu... - Xavier Grall

Sweet fire
- Photo "Sweet fire" de Buz_flickr

Le feu est mon soleil d'hiver.
Ça craque, ça flambe, ça va, c'est bon...
Assis dans l'âtre, les chiens Maël et Mélenn à mes pieds,
je l'entretiens et le tisonne.

Le feu : l'élément et le principe.
Feu-père, disait-on en Bretagne.
Et l'on dansait tout autour, sur les collines,
le jour de la Saint-Jean.

Le feu : mon été dans le froid d'octobre.
Au fait, cette cheminée paysanne
n'est-elle pas le cœur de Botzulan ?
Le cœur brûlant...

Je ne saurais concevoir demeure humaine
sans une place pour le feu, dans son centre.
N'est-ce pas à la flamme primordiale
que l'on identifiait naguère la maison des hommes ?
Tel hameau, tant de feux.

Aujourd'hui, les architectes désignent les appartements
sous le nom sinistre de cellules.
Glacial : on croit entendre le pas des geôliers,
le grincement des judas !
Ô cités carcérales, comme elle est chaude ma liberté !

Ce geste immémorial : approcher nos mains du feu.
Comme si nous voulions, non seulement nous réchauffer,
mais encore étreindre dans nos bras
la lumière qui chante et qui danse.
La prendre, la posséder. L'amour, toujours,
sous toutes ses formes, partout,
s'exprime en images de feu.
Brûlons !

Le bois, chêne et châtaignier,
m'a été fourni par Jacky, mon voisin.
Feu de Dieu, il brûle bien !
Si bien qu'à l'aube il se consume encore.
Ténèbres vaincues, le feu est mon soleil d'hiver.
C'est très bon.


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