Cri de pauvre : Galère de mère - entendu par un bénévole

Nous étions trois enfants
mais mon père est parti quand j'avais 2 ans.
Heureusement, ma mère travaillait
elle avait même deux emplois :
le premier à plein temps durant la semaine,
le second toute la journée du dimanche ;
Il lui en a fallu du courage,
mais ça lui permettait de boucler ses fins de mois...

Mais nous, le dimanche, que faisions-nous ?
Non pas nos devoirs, comme c'était prévu,
mais des bêtises, des disputes et des révoltes,
et, en plus, à l'adolescence,
des "magouilles et des bons plans"
avec les copains de la cité...

A l'école, dans le quartier, et même au commissariat,
on lui disait tout le temps :
"Il faut tenir vos enfants !
- mais comment faire, quand je suis au travail ?
- "Yaqua" les faire garder !
- cela me coûterait plus cher que ma paye !
- "Yaqua"ne pas travailler !
- et vivre à la rue ? les laisser mourir de faim ?
- "Yaqua"les abandonner à la DASS !
- pour qu'ils soient marqués à jamais,
  se sentant abandonnés, indignes d'être aimés ?
  tout ça à cause d'un père qui n'a pas voulu assumer ?
- Alors, fallait pas avoir d'enfants !
- comment pouvais-je prévoir que mon mari me quitterait
  et saurait s'arranger pour s'éviter la pension alimentaire ?"

Pourtant,
malgré tous ses efforts maternels, ses sacrifices,
et des années d'humiliations et de privations,
j'ai fini par y vivre... dans la rue
moi, son plus jeune enfant (les deux autres, c'est pas mieux) !

Et, en réfléchissant, je me dis aujourd'hui :
où est la justice dans tout ça ?
où sont les "droits de l'homme",
surtout ceux de la femme,
toutes ces mères, seules, sans aide, sans appui,
sans une minute de disponible
pour se faire des amis bienveillants,
pour trouver des conseils avisés,
pour réfléchir au moyen de s'en sortir...
et sans moyens suffisants, même en travaillant,
pour élever dignement leurs enfants ?

Pourquoi ne pas assurer un revenu décent
à la mère qui élève seule ses enfants ?
pour qu'au moins elle puisse à la fois
les nourrir ET avoir le temps nécessaire
pour les élever normalement :
éviter ainsi que ce soit la rue qui le fasse à sa place...

Cela diminuerait les placements si coûteux à la Dass,
les problèmes des banlieues, de l'insécurité,
et ce fléau de la petite (et la grande) délinquance...
A mon avis, on y gagnerait largement au change !

Commentaires