Texte : La pauvreté se cache - Annick Lhuillier

l'enfant
- Photo "L'enfant" de Fabien Lemetayer -

En France aujourd'hui,
on ne reconnaît plus un pauvre dans la rue,
ni à son aspect, ni à son comportement, ni à son image,
à part peut-être certaines personnes
dégradées par une longue période de galère...

Il est honteux aujourd'hui de ne pas avoir ‘réussi’ sa vie ;
alors, tant qu’on peut cacher sa misère,
on garde un semblant de dignité,
jusqu'au jour fatidique où tout le monde sait
qu’il y a des problèmes à la maison…
et c’est la déchéance :
les regards de pitié ou de méfiance,
les silences pesants,
les questions indiscrètes soupçonneuses…
ajoutant un peu plus encore aux sentiments d’abandon,
de solitude et d’isolement déjà ressentis.

Ainsi, de nombreux vrais pauvres (en particulier les seniors)
ne quémandent jamais une aide
et préféreront se priver plutôt qu’être ‘assistés’:
Un suicide sur trois concerne un senior aujourd'hui.

D'autres vivent très mal le fait d’être à la charge de la société
par manque de revenus issus d’un travail honnête.

On voit aussi certaines mamans,
pour compenser les privations (ou hontes)
qu’elles pensent faire subir à leurs enfants,
les gâter à outrance par des achats compulsifs de compensation,
mettant ainsi plus encore en péril leur budget déjà si précaire.

Seul une approche bienveillante et discrète
permet de débusquer cette pauvreté cachée,
pourtant bien trop réelle.




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