Sous et sur-développement – Karol Vojtyla


Une constatation déconcertante de la période la plus récente
devrait être hautement instructive :
à côté des misères du sous-développement
qui ne peuvent être tolérées,
nous nous trouvons devant une sorte de sur-développement,
également inadmissible parce que, comme le premier,
il est contraire au bien et au bonheur authentiques.

En effet, ce surdéveloppement,
qui consiste dans la disponibilité excessive
de toutes sortes de biens matériels
pour certaines couches de la société,
rend facilement les hommes esclaves
de la «possession» et de la jouissance immédiate,
sans autre horizon que la multiplication des choses
ou le remplacement continuel de celles que l'on possède déjà
par d'autres encore plus perfectionnées.
C'est ce qu'on appelle la civilisation de «consommation»,
qui comporte tant de «déchets» et de «rebuts». ...

Nous touchons tous de la main les tristes effets
de cette soumission aveugle à la pure consommation :
d'abord une forme de matérialisme grossier,
et en même temps une insatisfaction radicale
car on comprend tout de suite que, à moins d'être prémuni
contre le déferlement des messages publicitaires
et l'offre incessante et tentatrice des produits de consommation,
plus on possède, plus aussi on désire,
tandis que les aspirations les plus profondes
restent insatisfaites, peut-être même étouffées.

«Avoir» des objets et des biens ne perfectionne pas l'homme
si cela ne contribue pas à la maturation
et à l'enrichissement de son « être »,
c'est-à-dire à la réalisation de la vocation humaine en tant que telle.


Commentaires