Texte : Au pied du mur - d'après Jean Debruynne

Il y a des murs partout, des, des murailles,
des remparts, des forteresses.
On dit que c'est pour se protéger
mais c'est pour s'enfermer.

Qui est le prisonnier ?
Celui qui est derrière les murs
avec son coeur libre,
ou celui qui est dehors
le coeur enchaîné aux affaires ?

Il y a des murs de mépris...
Il y a des murs de la honte...
il y a des murs qui écrasent...
Il y a le mur de l'argent...
Le mur écrit de cris...

Le mur où il est défendu de déposer les ordures
mais où les hommes sont bien obligés de se poser
parce qu'ils n'ont nulle part ailleurs pour dormir...

Les murs tristes qui font le tour des banlieues,
le béton sans visage qui dresse des tours et des barres,
longues, si longues que de loin,
elles ressemblent à des cercueils...

les murs où les chiens aboient
pour cause de propriété privée, de chien méchant...

Le mur du savoir
avec tous ceux qui n'ont jamais eu le droit d'y entrer
et qui n'ont appris ce qu'ils savent
qu'à l'école du malheur
et à l'université de la misère...

Les murs de la faim...
Les murs d'injustice...
Les murs de soupçon...
les murs de colère...

Et toujours ces murs qui déchirent :
L'Est et l'Ouest, le Nord et le Sud,
Le tiers-monde et le quart-monde,
et le monde tout entier
qui a cessé d'être celui des hommes.


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