Texte : La vie ordinaire - Jacques Le Goff

L'ordinaire... qui n'en a éprouvé le goût fade,
celui de la banalité, de l'insignifiance, de la médiocrité ?
 L'impression dominante est terne ...
Sentiment qu'il ne se passe rien dans l'écoulement des jours,
que demain le gris ajoutera un peu plus au gris d'aujourd'hui et d'hier ...

 La tentation est légitime de s'en arracher par la grâce des vacances
comme moment de mise à distance régénératrice.
Mais aussi la tentation de courir à grandes enjambées
pour passer de la grisaille à la griserie par le voyage,
 la fête, le sexe, l'alcool et autres euphorisants.

Avec probabilité, au retour,
d'une aggravation du mal-être au long de jours cotonneux.
Parce que cet "extra-ordinaire" de diversion
fane, hélas, en un rien de temps.

Et si la solution n'était pas de fuir le quotidien
par mise entre parenthèses,
mais de le regarder autrement pour découvrir,
sous sa morne écume, des richesses insoupçonnées.

Car le gris dont nous l'affublons est largement
l’œuvre de notre regard lui-même,
un regard qui participe à la construction de ce qui nous accable.
Combien nous nous plaignons du visage fermé "des autres" !
Mais sourions au monde !
et il finira par nous sourire malgré tout.

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