Texte : Laicité ou laicisme ? - Jean-Pierre Batut

La laïcité, c’est la distinction du temporel et du spirituel, qui évite à l’un comme à l’autre de s’entraver mutuellement et qui garantit l’adhésion libre à Dieu pour le croyant, à autre chose pour celui qui ne croit pas.

Dans la laïcité bien comprise, le croyant et l’incroyant ne s’ignorent ni ne se combattent. Ils ne peuvent pas s’ignorer car ils font partie de la même communauté nationale et de la même communauté humaine.

Ils ne devraient pas non plus se combattre, mais comprendre qu’ils ont besoin l’un de l’autre, chacun d’eux se laissant interpeller par les questions posées par l’autre. Entre eux existe un lien commun à tous les êtres humains qui s’appelle la raison, et qui nous permet de débattre entre nous lorsque nous défendons des opinions différentes.

Le laïcisme, c’est une religion de substitution promue par l’État et enseignée par l’École, qui postule que seul un esprit sans références spirituelles serait un esprit libre, et que seule une raison athée mérite le nom de raison.

Le laïcisme n’est pas contre la foi ou contre la religion, il est contre la raison elle-même. En retranchant la religion de la culture, il rend la culture elle-même indéchiffrable, comme le montrent ces hordes adolescentes à qui la notion même de culture ne dit plus rien.

La raison laïciste ne veut pas savoir d’où elle vient : or, « ne pas vouloir savoir est une bonne définition de l’obscurantisme ». C’est contre cet obscurantisme, et non contre l’islam, que mettait en garde Benoît XVI en 2006 dans son discours de Ratisbonne.

Si l’ignorance mutuelle conduit à creuser un abîme entre religion et raison, c’est la violence qui l’emportera. C’est elle, effectivement, qui l’avait emporté par la suite : Xavier Dufour remarque à juste titre qu’ « il y aurait beaucoup à dire sur l’alliance objective de media pseudo-laïcs et de fanatiques religieux, pour empêcher coûte que coûte tout dialogue entre foi et raison ».

Aujourd’hui « ce n’est pas la foi qui se porte le plus mal, c’est la raison ». Plutôt que de se perdre en vaines jérémiades contre le dialogue avec les catholiques, certains politiques feraient mieux de se demander si nous ne devrions pas unir nos forces pour aider une jeunesse sans repères à se demander pourquoi elle vit et à retrouver des raisons de vivre.

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